Dante, le Christ littéraire.

Kolja Mićević

DANTE’S CORNER
Dante, le Christ littéraire 

Dans cet article « hors-série » de cette « unissonique polémique » je propose à l’éventuel lecteur ces quelques poèmes traduits ou écrits directement en français et qui ont pour sujet Dante ! Parallèlement, j’ai écrit pas mal de vers sur le même sujet en serbe, mais je ne les cite pas ici. Le premier texte ‒ et je ne parle que des vers, non des nombreuses préfaces accompagnant mes traductions du Florentin exilé et même deux fois ‒ chose unique dans l’histoire de la civilisation européenne ‒ condamné à mort par sa vile natale ‒ que j’ai écrit date de mon temps lycéen, vers 1958, une série de terzarimes dont le thème était la « Défense de Gemma Donati » ! Puis, déjà dans le tremblement de terre, j’ai perdu ce cahier, je n’ai jamais essayé de refaire le poème pour la femme de Dante, mais l’impression est resté intacte. Je le dis, pour au moins faire comprendre pourquoi les phrases de Bocace dans son Laude ‒ dont je n’étais pas au courant en 1958, bien sûr ‒ contre cette dame me remplissent de fureur.

            Parmi les textes ici réunis se trouvent deux sonnets irréguliers d’un poète méconnu, Giovanni Quirini, mais qui font merveille. Sans connaître rien sur sa vie, il est clair, grâce à ces deux sonnets « occasionnels » qu’il connaissait Dante personnellement et sans doute était proche de la cour de Cangrande della Scala. Dans le premier, il attire l’attention du puissant seigneur au « Paradis », le dernier cantique de La Comédie, et nous laisse supposer qu’il avait l’occasion d’en lire des fragments, tellement son assurance dans la valeur de l’œuvre est convaincante. Dans le deuxième sonnet, sur la mort de Dante, on voit que Quirini avait participé aux fêtes funéraires qu’avait organisées le neveu de Francesca da Rimini, le jeune Polenta, seigneur de Ravenne.

            Ce second sonnet est un commentaire tellement profond du sens de toute entreprise de Dante, qu’il mériterait que prof. Carlo Ossola en parle au lieu de réciter les vers beaux de Victor Hugo mais sans cette signification incommensurable du sonnet de Quirini ! Car, à la fin du vers 15 ‒ chiffre-clé de la numérologie de Dante ‒ il cite le nom de Dante sans le faire « passer » par la rime ! Quirini ainsi commente parfaitement l’effet identique que Dante réalise avec le nom du Christ, dans les quatre chants du Paradis (oui, Quirini a lu tout Paradis) !

Quel commentaire ! C’est pourquoi je dis que Dante est « le Christ littéraire », et non « le nouvel Adam de la nouvelle humanité rachetée », l’image-kitch, puisque Dante n’a jamais mis son nom dans la bouche d’Adam mais seulement « da te ».

            Par le dernier distique du second sonnet Quirini montre clairement qu’il connaissait le désir de Dante de reposer  e i s  a i o n a  à Ravenne et de ne pas être ‒ mort plus que vivant ‒ « cédé » aux perfides Florentins ! Cette histoire n’est pas encore finie… Ne sentent-ils pas encore « la gifle posthume » de leur Poète ?  

GIOVANNI QUIRINI
(Première moitié du XIV s.)

À Cangrande della Scala 

Seigneur qui portez de valeur couronne
 par l’univers et le renom de prouesse,
d’honneur, de courtoisie et de largesse
et de justice ‒ une chose très bonne ‒
    et de sagesse votre noble personne
ornée brille et resplendit sans cesse
et toute nation vous craint et s’empresse
d’entendre votre voix qui là raisonne.
    Je suis un de vos fidèles serviteurs
désireux de voir la gloire éclatante
du « Paradis » que le poète chante.
    Ainsi vous prie que d’une telle plante
nous fassiez voir de tant belles fleurs
porter le fruit mérité à son auteur.
    Qui voulut, et le veut je le sais au cœur,
que par vous d’abord cette œuvre excellente
soit divulguée dans le monde et l’enchante.

GIOVANNI QUIRINI

À Ravenne (Sur la mort de Dante)

 

Si onc advint pour un homme ordinaire
que s’obscurcissent le soleil et la lune
ou qu’apparut l’étoile, signe que la fortune
changera pour quelqu’un sur cette terre,
     les signes bien plus grands devraient se faire
et les merveilles moins connues et communes,
quand la mort cruelle amère et brune
éteignit les lueurs lumineuses et claires
     qui jaillissaient du cœur orné de vertu
de notre père à tous et le poète latin
qui portait en soi comme un reflet divin.
     Or les Muses sont tombées en déclin,
or très bassement se sont les vers tus
qui montaient en valeur et d’honneur vêtus.
     Le monde pleure le glorieux Dante.
Mais pour cela, Ravenne, qui en vie l’eus,
et qui l’as mort, tu en es aimée encor plus.

Cette ballade fait parti d’un cycle de poèmes titré Dans le royaume de PTAR (RATP lu dans le miroir) et ce cycle se trouve dans mon sixième recueil écrit directement en français, La Rue des Amants d’Hier, publié en 1994. quand j’étais déjà pleinement « en Dante », que je « promenais » souvent dans le métro parisien. Le refrain de la Ballade est irrégulier mais j’ai suivi en cela John Gower, (1330- env.1405) et ses Cinquante Ballades Françaises qu’il a écrites pour sa (seconde ?) épouse. !

BALLADE
Inscription-avertissement sur la
Porte principale du métro parisien : 

Descente angoissante !
     Adieu, large espace !
Salut, algue croissante
     sous le sol ! De grâce,
reste là coit sans te
     soucier ! Un compas se-
cret dirige ces trains
par le monde souterrain !

Reste coi mais chante
     dans ton âme lasse
notre vie même méchante
     et suis cette trace
à travers mes champs te
     -nus où je ne place
que mon désir qui craint
tout accident souterrain.

N’oublie pas mon Dante
     dont l’œil sagace
va là où la Mort hante
     un Orphée qui s’agace
contre la dent mordante
     car l’antique saga se
renouvellera sans fin
dans ce monde souterrain !

À l’ombre discordante
     et tombale et rapace
oppose un ordre d’airain     
     dans ce monde souterrain !

Dans le Rondeau du Traducteur je résume ma technique traductoire qui oscille entre la  C o n s t a n t e  et  la  V a r i a b l e  (c’est le titre d’un de mes livres sur la traduction en serbe où je parle beaucoup de Villon et de l’expérience que j’ai eu vers 1970-73 avec la traduction de ses Testaments). C’est cette « technique constante-variable » (que j’ai appliquée avec une parfaite précision déjà dans la première version de ma traduction de La Comédie, qui a fait dire à Danièle Robert ‒ qui ne connait rien dans ces choses, sauf de compter les pieds sur les doigts ‒  « si ses choix métriques et prosodiques étaient plus cohérents », à moi qui suis le plus cohérent des cohérents !

Je suis violemment contre le jeu des mots salonesque, traduttore-traditore, que je remplace, dans le rondeau, par Traducteur-Trace du cœur. Le poème est dédié à Judith Robinson-Valéry, grande valéryenne, celle qui a offert aux Français les C a h i e r s  de Paul Valéry !

RONDEAU DU TRADUCTEUR
Variation sur le fameux vers d’E. H. :
                     Partir c’est mourir un peu

                       À Judith Robinson-Valéry.

Traduire, mourir un peu
     en Celui que l’on aime !
     Qu’un quelconque poème
montre ce que je peux :
changer le rouge en bleu !
Jouissance, Joie, Jeu !

Un très ancien vœu,
     un très vieux problème,
de Verlaine « Il pleut… »,
     de Rimbaud Ma Bohème,
traduire ‒ juste un peu !

Ô site haut ! Saint Totem !
     Qu’aussitôt, jamais peu-
reuse, la Langue trop même
     déchaîne tous ses nœuds
pour traduire, mais mieux.

Traducteur, celui qui sème
     traces du Cœur au creux :
en dehors de tout système
     il en a au moins deux :
Constantes et Variables.
     Lui, bel enfant dédié
     à la merci des Dieux…
et des Grands Diables.

La traduction du premier chant de l’Enfer, qui suit, est la première version en même temps la même et très différente de la troisième et, pour le moment, dernière ! Je l’ai réalisée entre le 8 et le 31 décembre 1992, sans dormir et peu mangeant, sans sortir, et j’ai cru mourir. C’est pourquoi j’ai décidé de publier cette traduction dans mon sixième recueil, dont j’ai parlé plus haut, comme  m o n  texte, libre variation sur Dante. Car, enchanté par la trouvaille de la première rime ‒ e x i s t e n c e, au lieu de  l a  v i e  ce qu’on lit dans toutes les traductions françaises, même chez René de Ceccaty qui a le plus « libéré » Dante ‒ je l’ai coupée en  e x i s / t e n c e, et ce n’était plus Dante ! Mais c’était une anticipation importante, car je ne savais pas encore que Dante « coupe » lui aussi un mot, de  15  lettres, dans le chant XXIV du Paradis ! J’ai aussi spontanément ‒ avec mon petit français ‒ traduit le début de l’Enfer-Comédie, Nel mezzo del cammin’… par À mi-chemin… (pour avoir une anagramme magnifique plus que de m’opposer aux traductions précédentes) une solution comme tant d’autres que Danièle Robert avait reprise, et il n’y aurait là aucun mal si son « à-mi » Michele Tortorichi n’avait pas, dans un texte extatique sur la traduction de l’Enfer de Robert n’avait écrit que ce « à mi-chemin » est sa « nouveauté absolue » ! Dans ce cas je crie « plagiat », non à Robert mais à Tortorichi et j’attends qu’il s’en explique ! 

DANTE : ENFER
Première version de la traduction du premier chant

                                               À mi-chemin de notre exis-
                                                    tence, j’entrai en forêt noire,
                                                où nulle voie ne s’esquisse.

                                                    Ah ! il est dur d’y même croire,
                                               forêt féroce et âpre et forte
                                                    qui fait peur à la mémoire !

                                               Amère presque comme chose morte ;
                                                    mais j’y ai reçu maint bon conseil
                                               et vu des choses d’autre sorte.

                                                    Où j’avais franchi mon seuil
                                               et comment, je ne le sais pas,
                                                    tant je fus plein de sommeil.

                                               Mais quand mes peureux pas
                                                    touchèrent la fin de la vallée
                                               qui causa presque mon trépas,

                                                    j’aperçus une colline voilée
                                               de rayons de cette planète
                                                    qui nous fait tous droit aller.

                                               Là ma peur un peu s’arrête
                                                    dans le lac du cœur en peine
                                               que la nuit rendit tant nette.

                                                    Et tel lui qui hors d’haleine,
                                               sorti de la mers vers rive,
                                                    regarde l’eau déjà lointaine,

                                               mon âme, encor toute craintive ;
                                                    contemplait ce passage-là
                                               et auquel personne n’esquive.

                                                    Ayant reposé le corps las,
                                               je repris cette déserte plage
                                                    le pied ferme toujours plus bas.

                                               Et voici, même au premier passage,
                                                    une panthère agile que je crois
                                               couverte d’un tacheté pelage.

                                                    Et elle restait ainsi devant moi
                                               en empêchant tout mon chemin
                                                    que je faillis fuir maintes fois.

                                               Temps était où commence le matin
                                                    et le soleil montaient avec les étoiles
                                               qui le suivaient quand l’amour divin

                                                    de ces belles choses ôta les voiles ;
                                               si bien qu’espérer j’avais raison
                                                    devant cette bête aux gais poils,

                                               l’heure du jour et douce saison ;
                                                    mais pourtant la peur me prenait
                                               d’un lion au regard sans comparaison.

                                                    Devant moi, je crus, il venait
                                               la tête haute et troublant l’air,
                                                    car la faim avec la rage le menait.

                                               Et une louve dont la maigre chair
                                                    fut chargée de toutes envies
                                               que maints ont déjà payé cher ;

                                                    elle me laissa presque sans vie
                                               par une telle terreur de son regard
                                                    que la hauteur me semblait ravies.

                                                Et pareil à celui qui fol repart,
                                                    mais qui doit tout perdre après,
                                               qu’en sa pensée il pleure ce retard,

                                                    tel me rendit la bête sans paix,
                                               laquelle venant à moi peu à peu
                                                    me repoussait là où le soleil se tait.

                                               Lors je glissais vers ce bas lieu,
                                                    lui qu’un silence long et vain
                                               avait affaibli, s’offrit à mes yeux.

                                                    Quand je le vis en ce vide terrain,
                                               « Miserere de moi », je criais confus,
                                                    « que tu sois ombre ou homme certain. »

                                               Il répondit : « Non homme, homme je fus,
                                                    et mes parents étaient lombards
                                               et tous deux mantouans de bon cru.

                                                    Je naquis sub Julio, mais trop tard,
                                               et vécus à Rome sous le bon Auguste,
                                                    au temps des dieux faux et grognards.                       

                                               Poète j’étais et chantais ce juste
                                                    fils d’Anchise qui vint de Troie
                                               lorsqu’en Ilion le feu s’incruste.

                                                     Mais pourquoi ici tu te noies ?
                                               Pourquoi ne vas-tu pas vers le doux mont
                                                    qui est principe de toute joie ? »

                                               « Tu es ce Virgile et ce fond profond
                                                    de langage largua comme une rivière ? »
                                               je lui répondis avec honte au front.

                                                    « Ô de tous poètes sage lumière,
                                               par la longue étude et bon cœur
                                                    qui m’ont ouvert ton œuvre fière,

                                               tu es mon maître et mon auteur,
                                                    tu es le seul où je puise encor
                                               le beau style qui fait mon honneur.

                                                    Vois la bête dont regard me mord ;
                                               aide-moi contre elle, fameux sage,
                                                    elle secoue mon sang et mon corps. »

                                               « Il te faudra faire un autre voyage »,
                                                    répondit-il, car en larmes je fus,
                                               « si tu veux quitter ce lieu sauvage ;

                                                    Car cette bête, qui te rend confus,
                                               ne laisse personne sur son chemin,
                                                    elle l’assaille et après le tue ;

                                               elle est pire et perverse sans fin
                                                    et son envie se fait si profonde
                                               que même repue encor elle a faim.

                                                     Maints sont animaux qu’elle féconde,
                                               et seront encore, tant qu’un Lévrier
                                                     n’arrive qui l’a tuera en seconde.

                                               Celui ne goûtera ni terre ni denier,
                                                    mais sagesse, amour et vertu en plus,
                                               et son peuple sera fier et fier.

                                                    De l’humble Italie il sera le salut
                                               pour qui mourut la vierge Camille,
                                                    Euryale, Turnus, Nisus, comme fallût.                                  

                                               Il la chassera de chaque ville
                                                    et puis la remettra dans les feux
                                               d’où l’avait tirée une envie vile.                                               

                                                    Pour toi je pense et parle mieux
                                               que tu me suives, et serai ton guide,
                                                    et ,te montrerai un éternel lieu                                              

                                               où tu entendra des cris sans brides,
                                                    et verras antiques esprits dolents
                                               pour qu’une seconde mort se décide.

                                                    Et tu verras ceux qui sont contents
                                               dans le feu, car ils ont l’espoir
                                                    d’être un jour avec les bons gens.

                                               Et si tu voudras venir les voir
                                                    une âme sera, plus que moi digne ;
                                               à elle te confierai à mon départ ;

                                                    car l’empereur qui là-haut assigne,
                                               comme je fus rebelle à sa loi,
                                                    défend qu’avec moi on passe la ligne.

                                               Partout il est le maître et le roi ;
                                                    là est sa ville et son haut siège :
                                               ô bienheureux qui mérite ce choix ! »

                                                    Et je lui dis : « Poète », priais-je,
                                               « par ce Dieu que tu n’as pas connu,
                                                    pour que je fuie ce mal et ce piège,

                                               mène-moi vers ce lieu inconnu,
                                                    et que je vois la porte de saint Pierre
                                               et ceux que tu dis triste et nus. »

                                                    Alors, il bougea, exhaussant sa prière*.

Le chant se termine par une rime Pietro/dietro, qui s’ « offre » au traducteur français. J’ai senti un peu le danger de ces « rimes données » par Dante, c’est pourquoi j’ai traduit plus librement, mais en rimant Pierre ! La Robert n’a pas hésité à « prendre » le fruit, mais avec sa solution elle a fait une image assez grossière, car chez Dante on lit :

                                   … e io li tenni dietro

(et je suivis ses pas, Jacqueline Risset, l’image complète et claire) tandis que dans l’image traduite par Danièle Robert, Dante est comme « arrété » car

                                   … et moi derrière

ne nous dit pas que quelqu’un visiblement « bouge ». L’image est même un peu désagréable. C’est le danger de prendre toutes les rimes « offertes » par Dante  (Timeo D. …)! Parfois on est obligé de les prendre, mais il faut les éviter si cela est possible. Danièle Robert en a pris toutes. Ce sont les seuls moments quand ses rimes ressemblent à des rimes.

Pendant plusieurs mois, depuis l’été 1992, tous les jours je faisais la saisie des « fiches financières », pour ainsi dire, sous le toit de la Caisse d’Épargne, c’était pour survivre. Les vers écrits sur ce sujet sont réunis et publiés sous le titre Icare parmi les fiches, dans mon sixième recueil français. J’y ai introduit, en le coupant en syllabes, le début de l’Enfer-Comédie « à mi- chemin » que je venais d’inventer, mais sans Michele Tortorichi je n’aurais jamais su que c’était une « nouveauté absolue ». Le premier vers, feuillet par feuillet se réfère aux dernier chant du Purgatoire, car c’est ainsi que j’ai traduit l’image « tutte le carte » du vers 139, chant XXXIII.
 

BALLADE DES FICHES

Feuillet par feuillet,
     devant cet écran
il me faudra veiller
     car on perd tant
     en chaque instant
si on est peu riche :
     autrement vraiment
ferais-je ces fiches ?

C’est assez douillet !
     Même mon Serpent
vient là se mouiller
     et s’en sert ; pen-
     dant qu’âpre dent
d’une tendre biche
     le ronge de dedans 
je compose mes fiches.

(Serpent chante :

Qui par noeuf œillets
     de votre aimant
brûles mon feu, ayez
     bonté extrêmement
     pour ce mâle Amant
Ma Dame, car « à mi-che
     -min » et s’alarmant,
il remplit ces fiches !)

Au mois de Juillet
     tout est si tentant
sans point oublier
     le sang des Balkans :
     dans tout ce carcan
solitaire je niche
     et, de cran en cran,
j’examine ces fiches !

     Ainsi va bon Temps
pour gagner sa miche :
     je m’en fiche content
en fixant mes fiches !